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Vie chère : de plus en plus de français dans les banques alimentaires

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Vie chère : de plus en plus de français dans les banques alimentaires

Du fait de l’inflation, Véronique Devise, présidente du Secours catholique, explique que son association est également marquée par la hausse du nombre de bénéficiaires.( dans le JDD)

Une nouvelle étude des Banques alimentaires a récemment révélé que le nombre de personnes bénéficiant de l’aide alimentaire a triplé en dix ans, avec une hausse de 10 % en 2022. De son côté, le président des Restos du cœur a expliqué n’avoir jamais observé « une aggravation aussi rapide de la précarité ». Véronique Devise, à la tête du Secours catholique, fait un constat similaire : « Entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022, nous avons noté une augmentation de 6,7 % des demandes pour payer des factures d’énergie ou pour aider à se nourrir ».

Il y a une multiplication par trois des personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire en 10 ans, selon une étude des Banques alimentaires. Constatez-vous une augmentation semblable ?
Nous n’avons pas de chiffres sur dix ans. Mais entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022, nous avons noté une augmentation de 6,7 % des demandes pour payer des factures d’énergie ou pour aider à se nourrir. En France, il n’y a pas d’extension de la pauvreté : 14 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Mais les plus pauvres se sont appauvris. Certes, le RSA a été augmenté de 4 % pendant l’été 2022, mais cela ne couvre absolument pas l’inflation qui touche les produits essentiels.

Quelles en sont les conséquences ?
Nous savons que toucher les minima sociaux, c’est aussi voir sa santé être impactée : on se nourrit mal et de façon moins diversifiée. Les maladies chroniques sont donc plus nombreuses. Et tout cela a un coût pour la société : selon une étude de l’association Famille rurale, chaque année, 20 milliards d’euros sont dépensés pour traiter les pathologies liées à une mauvaise alimentation. Donc faut-il rester uniquement dans le curatif ? Nous prônons une politique préventive, en augmentant le RSA notamment.

Une fois payées les dépenses pré-engagées comme le loyer et les factures énergétiques, nos bénéficiaires n’ont plus que 5 euros par personne pour vivre


Quels sont les changements que vous avez observés chez les personnes que vous aidez ?

En 2022, le revenu moyen de nos bénéficiaires était de 548 euros par mois. Et dans notre dernier rapport, basé sur l’accompagnement de 50 000 familles, nous alertons : l’alimentation est la variable d’ajustement du budget des familles, et encore, c’était avant la guerre en Ukraine et l’inflation. Une fois payées les dépenses pré-engagées comme le loyer et les factures énergétiques, nos bénéficiaires n’ont plus que 5 euros par personne pour vivre. Cela comprend se nourrir, se déplacer, se soigner et s’habiller. Or des études ont montré que pour se nourrir correctement, il faut 7 euros par jour et par personne…

Comment fonctionne l’aide alimentaire du Secours catholique ?

Nous ne faisons quasiment plus de distributions alimentaires depuis une petite dizaine d’années. Nous ouvrons des épiceries sociales et solidaires ouvertes à tous, avec des tarifs dégressifs en fonction des revenus. Certains peuvent n’avoir qu’à payer 20 % du prix normal. Nous distribuons aussi des chèques-services utilisables dans les supermarchés. C’est une autre façon d’aider les familles sans les stigmatiser. Nous pensons que, pour leur dignité, il est préférable qu’elles puissent faire le choix de ce qu’elles souhaitent manger.

Les associations qui font des distributions alimentaires (Restos du cœur, Secours populaire, par exemple) fonctionnent avec des dons de la grande distribution, issus notamment de la lutte contre le gaspillage. D’où viennent vos produits dans les épiceries ?
Nous achetons nos produits en essayant au maximum de rapprocher les familles et les producteurs locaux, en favorisant les petits paysans. C’est un budget conséquent. Même si je ne peux certifier que, localement, nos équipes ne prendront pas des pâtes ou de riz si on leur offre.

Vous êtes donc touché aussi par l’inflation des prix de l’alimentation…
Oui, mais je ne peux pas vous donner ce que cela représente. Nous achetons en gros et nous pouvons avoir des prix préférentiels. Nous sommes touchés de la même manière que nos bénéficiaires : avec un chèque-service de dix ou vingt euros, ils peuvent acheter moins de choses qu’il y a un an.

Que pensez-vous de l’idée d’une Sécurité sociale de l’alimentation, qui permettrait aux Français de se faire rembourser l’achat de nourriture, sur le principe de ce qui se fait pour les médicaments ?
Nous pensons que cela va dans le bon sens, notamment pour ceux qui subissent la pauvreté et qui ont besoin d’être aidés. Ces dépenses doivent être prises comme un investissement : la mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation pourrait diminuer les problèmes de santé et permettre des économies sur le long terme.

Les personnes qui militent pour cette idée ont un discours assez critique de l’aide alimentaire. Pour elles, le fait que de plus en plus de personnes aient recours à l’aide alimentaire est la preuve que le système alimentaire fonctionne mal. Qu’en pensez-vous ?

Aujourd’hui, certains ont besoin de ces distributions alimentaires pour se nourrir, c’est une nécessité et donc un moindre mal. Mais, dans l’absolu, il n’est effectivement pas digne que les pauvres n’aient accès qu’à un rebut, à ce que les autres ne veulent pas.


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